Cependant, nombre de ces talents et pas des moindres, n’arrivent pas à vivre de cet art si souvent déconsidéré dans les pays africains, essentiellement pour des raisons culturelles. Il ne faisait en effet pas école d’être musicien jusque dans les années 80 au Cameroun. Les hauts lieux consacrés à cet effet ne trouvent de soutien d’aucune sorte de la part d’Institutions Nationales. Il est de bien meilleur aloi de porter l’estampille de Docteur, d’Architecte ou d’Informaticien. Mais pas de Musicien, même si de grand talent. A l’exception de quelques très rares endroits tels que Mermoz Bar et Chez Da Rosa ou Le Mont Cameroun tenus et initiés par des passionnés dotés uniquement de moyens à la hauteur de la seule volonté de ses initiateurs, la musique africaine n’a jamais bénéficié de véritables soutiens institutionnels dignes de ce nom.
Pendant longtemps elle a survécue dans les bas fonds d’endroits, au bas mot, minables, où cependant s’exprimaient de réels talents.
Même au plus fort du début de la reconnaissance dû à la réussite de quelques artistes, cette plate-forme d’expression artistique balbutie encore et toujours dans sa mise en place, laissant ainsi comme seule possibilité à ceux qui sont conscients de leur habilité artistique de s’exiler par delà les mers, en bravant mille et un dangers durant le voyage d’abord et ensuite en affrontant des situations administratives dans les pays de destination hors de la légalité.
Et pourtant l’industrie musicale mondiale malgré ses secousses successives, ne se porte pas si mal que cela.
Le monde pendant ce temps n’a pas suspendu la rotation de son horloge avec ses terribles accélérations dues à ses diverses évolutions et l’émergence des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC, dont fibres optiques, Internet et satellites, ordinateurs et téléphones portables par exemple).
A titre de comparaison, le Sud-est Asiatique a connu sur 3 décennies seulement (de 1960 à 1990), une transformation radicale et en profondeur de son économie avec des taux de croissances annuels à deux chiffres tant enviés du vieux continent qui résiste aux Dragons d’Asie essentiellement les yeux rivés sur son passé glorieux mais définitivement révolu, tandis qu’une Amérique plus que jamais mondialiste, hégémoniste et davantage amnésique s’empêtre une fois de plus dans un conflit militaire lointain au Moyen Orient. Dans le même temps, le Continent Noir berceau de l’Humanité est encore et toujours laissé pour compte et recule, recule et recule encore tant et si bien qu'il devient quantité négligeable pour ne peser lamentablement que 0,01% dans les échanges commerciaux mondiaux.
On aura bien noté que le monde est devenu un village planétaire grâce aux NTIC dont la Mère Afrique est clairement la laissée pour compte de «luxe», malgré ses matières premières nombreuses et abondantes. On parle désormais d’espaces globaux ou globalisés à partir desquels d'un point local via les fameux ntic on peut communiquer aux antipodes quasi instantanément. La nécessité de solutions globales devient une évidence pour tous, y compris pour apporter des réponses locales.
Mener des actions concertées et cohérentes pour faire émerger nos talents locaux est une préoccupation d’ordre culturel sur un échiquier désormais globalisé et nous force à nous présenter lors d’échanges culturels multilatéraux avec les moyens à hauteur de la rigueur imposée par cet échiquier auquel je fais référence plus haut. Force est de constater qu’au meilleur des cas l’Afrique a fait du ‘sur place’ pendant que tous les autres avançaient. Par conséquent mécaniquement elle a reculé d’autant que les autres ont avancé.
De facto, l’Afrique reste engluée dans ses préoccupations (corruption, affairisme famines et misères diverses) locales et se débat frénétiquement pour trouver des solutions individuelles à des questions globales.
Fort de ces éléments factuels d’une part, et, ayant pris le temps de les noter, puis de mener une analyse froide et sans concession, d’autre part, avec l’apport intellectuel de passionnés et divers mélomanes avertis ajouté à des professionnels compétents, il m’a semblé qu’il était temps d’apporter une contribution de fond, c’est-à-dire une réponse globale, (à une question qui l’est tout autant) à la musique en particulier, et par conséquent de proposer une plate-forme d'expression artistique aux talents du Cameroun et d'Afrique.
L’idée d’apporter notre contribution à un véritable partenariat pour mettre de façon durable, des moyens Techniques, Humains, Logistiques, Intellectuels et Matériels, au service des Artistes et la création d’une plate-forme d’expression, avec le soutien des Institutions Nationales et l'utilisation des lieux Symboliques Physiques, tels que les Centres Culturels, Musées Nationaux, et les symboles Humains en célébrant nos Héros Nationaux dont Mbappe Lepe, Roger Milla, entre autres, pour les talents du Cameroun et d’Afrique, a donné naissance en 2000, à Neuilly-sur-Seine à Altus Communication maison mère, et en Octobre 2008 la naissance de sa filiale camerounaise Altus Production à Douala. Cela pour élever les Arts et en particulier la musique, à ce jour considérée comme activité mineure, à son niveau le plus noble qui soit.
Telle est la philosophie du label Altus. Une réflexion globale et en profondeur au service de l’Art en général, avec un accent tout particulier, pour la musique, avec l’ambition affichée de permettre à nos artistes de vivre chacun de son talent. Cela au même titre qu’un Docteur, un Architecte ou un Informaticien. Cette idée est loin d'être nouvelle, et moins encore la première initiative pour atteindre ce but. Sans doute ce qui anime davantage cette équipe c'est la détermination sur fond de nécessité et la volonté de professionnaliser un métier qui ne l'est sans doute pas encore suffisamment pour lui apporter la nécessaire reconnaissance qui lui fait défaut.
Une idée simple, et loin d'être originale, mais empreinte d'une volonté nouvelle de faire reconnaître les talents en latence.
Le projet Altus n’en est qu’à ses débuts. Conscient de ces enjeux majeurs, TOUT sera mis en œuvre par le label et ses partenaires, pour relever le défit sur le plan culturel, avec passion et enthousiasme, non sans abnégation et opiniâtreté, le tout saupoudré par la rigueur et la sérénité.
Artistes Musiciens, Auteurs Compositeurs, Interprètes, Arrangeurs, écrivez-nous les musiques que nous avons appris à aimer de vous. Le projet Altus est conçu pour vous. C’est votre maison, elle se charge de porter, de soutenir et de faire briller aux regards de nos concitoyens et aux yeux du monde vos talents.
Le nôtre est à votre service.
Jean-Paul SOPPO, Président Altus Production